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Photo du rédacteurHenry de Lesquen

Faut-il interdire l’abaya ?

Dernière mise à jour : 7 sept. 2023

Faut-il interdire l’abaya à l’école comme le demande le nouveau ministre « de l’éducation nationale et de la jeunesse », Gabriel Attal ? La question est mal posée. Il ne faudrait pas que, sous prétexte de combattre l’immigration et le puritanisme de l’islam, on tombât dans l’excès inverse et dans les rets de l’idéologie cosmopolite.

Dans un pays respectueux de la liberté individuelle, chacun s’habille comme il veut, sous quatre réserves.

Premièrement, l’outrage aux bonnes mœurs, c’est-à-dire l’offense à la pudeur, sachant que les normes à cet égard ne sont pas les mêmes dans une société musulmane et dans une société occidentale, ni d’ailleurs dans une société civilisée et dans une société décadente, état où la France a sombré aujourd’hui, après les cinquante-cinq ans de révolution cosmopolite qui ont suivi Mai 68.

Deuxièmement, la sécurité ; on n’a pas normalement le droit de se masquer le visage, parce que cela empêche l’identification des délinquants, sauf exceptions, soit pour faire la fête, soit pour des raisons médicales (à cet égard, il faut quand même savoir que l’obligation du port du masque dans la rue pendant l’épidémie de covid était idiote).

Troisièmement, pour des raisons d’hygiène, notamment dans les piscines, d’où l’interdiction du « burkini »

Quatrièmement, en vertu du code vestimentaire propre à l’établissement, école, entreprise, service public, qui peut même imposer un uniforme, comme à l’armée.

Revenons sur le cas du « burkini », mot fantaisiste composé de « burqa » et de « bikini ». C’est à peu près ce que nos grands-mères portaient sur les plages en 1900. Il n’y a donc aucun motif légitime pour obliger les femmes musulmanes à se dénuder comme le font aujourd’hui les Françaises, puisqu’elles trouvent cette tenue indécente, sauf dans les piscines où le règlement interdit pour des motifs d’hygiène de porter des vêtements amples.

À quoi rime, du reste, cette espèce d’assimilation forcée qui obligerait les immigrés (c’est-à-dire les allogènes, qu’ils soient nés en France ou non) à s’habiller comme nous ? Faut-il les empêcher de se distinguer des Français de sang ? Point du tout ! Il vaut mieux, à tout prendre, que la différence entre eux et nous soit aussi marquée que possible, en attendant leur future réémigration.

S’agissant de l’école, et plus précisément du lycée, on peut comprendre que les jeunes filles, du moins les plus pudiques, pour des raisons religieuses ou non, veuillent éviter les pantalons ou autres vêtements moulants. En 1975, le funeste Valéry Giscard d’Estaing, président de la république, a généralisé la mixité sexuelle au lycée en la rendant obligatoire et, simultanément, dans une logique perverse, il a fait voter une loi qui autorisait les filles de quinze ans à prendre la pilule à l’insu de leurs parents. Quand on connaît un tant soit peu l’état d’esprit de la majorité des garçons à l’adolescence, on pouvait prévoir les conséquences de ces décisions. La virginité des jeunes filles, qui était une valeur dans une société de tradition chrétienne, est devenue quasiment une curiosité... On comprend que les pieux musulmans, comme, du reste, les pieux chrétiens, n’apprécient pas ce libertinage et veuillent protéger la vertu de leurs filles. La mesure annoncée par Attal est donc purement démagogique. C’est du reste un simple effet d’annonce puisqu’il n’y aura ni arrêté ni circulaire et qu’il reviendra aux proviseurs des lycées et aux principaux des collèges d’appliquer à leur guise les déclarations verbales du ministre.

Il serait en réalité plus justifié d’interdire la mini-jupe que l’abaya, qui n’a rien de choquant en elle-même ! L’idéal serait d’imposer un uniforme aux élèves, distinct évidemment pour chaque sexe, n’en déplaise aux dégénérés qui soutiennent l’absurde théorie du genre. À défaut, il faudrait au moins, comme on le fait dans certaines écoles libres, fixer un code vestimentaire, qui exclurait pour les filles aussi bien l’abaya que le pantalon et la mini-jupe.

Le plus important, cependant, serait de revenir sur la mixité au lycée et de séparer les garçons des filles, comme le bon sens le recommande pour cette classe d’âge. Ce n’est pas seulement nécessaire pour une question de morale, mais aussi pour des raisons pédagogiques. L’enseignement doit s’adapter à son public et il est utile de tenir compte des différences de sexe à l’adolescence. Ensuite, la présence des filles peut troubler les garçons, ce qui nuit à leur concentration, à leur application et à leur travail. La mixité n’est pas la moindre raison de la baisse du niveau scolaire.


Henry de Lesquen

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