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Apothéose de Donald Trump, déconfiture de l’Union européenne

  • Photo du rédacteur: Henry de Lesquen
    Henry de Lesquen
  • il y a 3 jours
  • 10 min de lecture

Nous avait-on assez rebattu les oreilles de « l’Europe-puissance » ! Il fallait, clamaient les européistes, faire l’union de l’Europe pour tenir tête aux grandes puissances du monde actuel, aux États-Unis d’Amérique, à la Chine, à la Russie, demain à l’Inde… Nos nations étaient trop petites, alors que « l’union fait la force ». Les négociations commerciales qui viennent d’avoir lieu entre les États-Unis du président Donald Trump et l’Union européenne (UE) devraient dissiper ces illusions pour tout observateur un tant soit peu honnête et objectif. En l’espèce, le jugement est unanime : ce fut une capitulation. Thierry Breton, par exemple, ancien commissaire européen, a écrit : « Disons-le tout net : une autre voie que la soumission était possible. Une autre méthode que la capitulation par anticipation pouvait être choisie : celle du rapport de force assumé entre partenaires de poids comparables » (Le Figaro, 29 août 2025). Ursula von der Leyen, président de la commission européenne, a été reçue le 27 juillet 2025 par le président Trump entre deux parties de golf dans sa propriété écossaise et, pour obtenir des droits de douane de 15% au lieu de 30% sur les produits européens, elle a consenti, tenez-vous bien, à supprimer tous les droits de douane sur les produits que nous importons des États-Unis. Elle s’est engagée en outre à acheter pour 750 milliards de gaz de schiste et autres hydrocarbures américains, et même à faire en sorte que les entreprises de l’UE investissent 200 milliards de dollars par an outre-Atlantique, en plus de ce qu’elles font déjà… plutôt qu’en Europe ! Au passage, elle a renoncé à demander aux grandes entreprises numériques américaines de rémunérer nos opérateurs de télécommunications dont ils accaparent une bonne partie de la bande passante. C’est tellement hénaurme, dirait Ubu, qu’il faut le lire pour le croire.

Ce constat est d’autant plus cruel que le Royaume-Uni, qui n’est plus dans l’UE grâce au « Brexit », s’est mieux défendu que nous : il a obtenu 10% soit le minimum du nouveau tarif douanier américain. Donc, un pays tout seul s’en sort mieux que le conglomérat formé par les vingt-sept États de l’Union européenne. De même, le Canada et le Mexique ont obtenu de bien meilleures conditions que nous. C’est un taux nul qui s’appliquera à la plus grande partie de leurs exportations. La Chine, quant à elle, fait toujours de la résistance. Elle a menacé de frapper les produits américains de droits tout aussi prohibitifs que ceux qui lui seraient infligés et elle fait du chantage aux terres rares, ces matériaux critiques dont elle a le quasi-monopole mondial et qui sont indispensables à l’industrie électronique.

Pour sa part, cependant, l’Union européenne ne manquait pas de moyens de rétorsion et de pression pour faire reculer les États-Unis, en obtenant au moins 10% comme les Anglais et en appliquant symétriquement le même taux aux importations des produits américains. Elle n’avait pas les terres rares, mais c’est une société néerlandaise qui a le monopole mondial de la fabrication des machines utilisées pour produire les puces électroniques dont les mastodontes de l’intelligence artificielle ont tant besoins, eux qui investissent des centaines de milliards de dollars aux États-Unis. Il aurait suffi de menacer d’un embargo pour ramener les autorités américaines à de meilleurs sentiments. L’UE pouvait aussi exclure les entreprises américaines des marchés publics. Mais c’est la volonté politique qui manquait dans l’UE, tandis qu’elle s’affirmait avec éclat outre-Atlantique.


L’impuissance des Européens a été tout aussi éclatante dans l’affaire ukrainienne. Les crédits d’aide à l’Ukraine qui avaient été inscrits dans le budget états-unien du temps de Biden sont épuisés et le vice-président J. D. Vance a dit tout net qu’il n’était plus question de payer pour l’Ukraine. Pourtant, les États-Unis continuent à fournir des armes à Kiev. Par quel miracle ? C’est tout simple. L’industrie américaine produit les armes destinées à l’Ukraine, que celle-ci n’a évidemment pas les moyens de payer, ce sont donc les États européens qui vont financer…

Le vendredi 15 août 2025, Donald Trump a déroulé le tapis rouge, au sens propre, comme au figuré, pour recevoir le président Vladimir Poutine en Alaska. Il a convoqué Zelensky à Washington pour le lundi suivant. Et alors, incroyable, mais vrai, une demi-douzaine de dirigeants européens, dont la piteuse Ursula von der Leyen et l’ineffable Emmanuel Macron, ont voulu accompagner le président ukrainien pour l’aider à mendier les bonnes grâces du président américain. Image aussi immortelle qu’humiliante, on les a vus alignés comme des élèves devant le maître d’école, Donald Trump, donc, assis derrière son bureau, eux alignés sur leurs sièges.

En un mot comme en cent, Europe rime avec impuissance, abaissement, humiliation. Selon François Lenglet, « la commission court comme un canard sans tête », et il a ajouté : « L’Europe-puissance est une chimère entretenue par les fédéralistes, qui voudraient sauver leur rêve » (Le Figaro, 4 août 2025). Les européistes s’étaient trompés du tout au tout. L’Union européenne n’a ni unité ni légitimité. Sa faiblesse ne tient pas à la personnalité de tel ou tel commissaire, aux insuffisances particulières de madame von der Leyen, elle est institutionnelle, structurelle. Ce n’est pas tellement la complexité de son organisation, avec une commission, un conseil européen, un soi-disant parlement, une cour de justice… qui est en cause. La commission n’est faite que pour surveiller les États membres en les contraignant à respecter les règles du marché unique, non pour affronter les autres États. Aucune réforme ne pourrait sauver l’Union européenne de l’incohérence et donc de l’impuissance qui résulte tout simplement du fait qu’elle est un conglomérat et qu’elle ne peut donc pas avoir de volonté politique pour tenir tête aux puissances rivales. Songez qu’elle n’a même pas de langue commune et qu’elle utilise l’anglais, qui n’est officiellement celle d’aucun des vingt-sept États membres depuis le Brexit puisque l’Irlande a choisi le gaëlique et Malte le maltais. Les dirigeants européens discutent entre eux dans une langue étrangère qui n’est autre que celle des États-Unis d’Amérique.


Hélas, si l’UE est impuissante vis-à-vis de l’extérieur, elle ne manque pas de pouvoir à l’intérieur de ses frontières ! Elle en use et en abuse. Attachée fanatiquement à la doxa climato-maniaque dont Trump a libéré l’Amérique, elle multiplie les normes qui étouffent l’économie et elle s’emploie méthodiquement à détruire notre industrie automobile. Il faut le dire haut et fort : l’Union européenne ne nous apporte rien de bon, à nous Français. Il fut une époque où, grâce à la politique agricole commune, la France recevait plus d’argent de la Communauté économique européenne, ancienne formule de l’UE, qu’elle ne lui en versait. Ce n’est plus le cas depuis longtemps, car, au fur et à mesure des élargissements, la caisse de péréquation que constitue le budget européen a financé de plus en plus les pays du centre ou de l’est de l’Europe, qui sont plus pauvres que le nôtre, en sorte que la France est aujourd’hui un contributeur net. En outre, la monnaie unique ne pouvait que nuire à notre économie, comme à celle des autres pays qui l’ont adoptée, puisque la zone euro n’est pas une zone monétaire optimale, loin de là. La France gagnerait à revenir au franc. Il est donc temps d’ouvrir les yeux et d’en finir avec le mythe européen. Le marché commun lui-même ne nous a rien apporté, au contraire. Pierre Milloz a montré que l’effacement des frontières, avec le libre-échange des marchandises, doublé de la libre circulation des facteurs de production, hommes et capitaux, n’avait pas accéléré la croissance économique, mais l’avait diminuée. Nous devrions prendre exemple sur Trump, qui a compris la leçon de l’économiste allemand Frédéric List. Le libre-échange et le marché commun ne paraissent une solution optimale que si l’on s’en tient à la théorie des valeurs échangeables ; mais si l’on prend en compte la théorie des forces productives, il en va tout autrement. La France se trouverait mieux sous le régime d’un protectionnisme modéré qui favoriserait sa réindustrialisation, par exemple avec des droits de douane de 5% sur les produits allemands, ainsi, bien sûr, que l’abolition de la liberté d’immigration et le contrôle des investissements étrangers. La France doit sortir au plus tôt de l’Union européenne en optant pour le « Frexit », elle ne pourrait que s’en trouver mieux, beaucoup mieux. C’est la seule voie pour sortir de la décadence économique.


La déconfiture de l’UE a été l’une des marques de l’apothéose de Donald Trump, président des États-Unis d’Amérique, à qui tout réussit depuis qu’il a pris ses fonctions le 20 janvier 2025. Il était cette fois-ci beaucoup mieux préparé que pour son premier mandat, inauguré en 2017, notamment grâce au « contrat pour 2025 » élaboré par la Heritage Foundation (Fondation de l’Héritage). Les démocrates sont à quia, les élus républicains sont aux ordres. Bien que sa majorité soit étroite dans les deux chambres, il a fait confirmer toutes ses nominations ministérielles et il a fait adopter son budget, son big beautiful bill, sont gros et beau projet de loi, qu’il a pu signer le 4 juillet, pour la fête nationale. La cour suprême a interdit aux juges fédéraux de bloquer ses décrets et il a engagé une véritable contre-révolution anticosmopolite dans tous les domaines. Les politiques de DEI (diversity, equity, inclusion ou diversité, équité, inclusion en français) ont été abolies non seulement dans l’administration, mais aussi dans les entreprises, sous la pression du gouvernement, et la « théorie du genre » a été mise au rancart en même temps que la promotion de la transsexualité. Il a limogé des milliers de fonctionnaires et agents publics, non seulement pour faire des économies, mais aussi pour éliminer les cosmopolites dont la Heritage Foundation avait dressé la liste. Le gouvernement Trump s’emploie à remettre la culture dans le droit chemin, par exemple dans les musées fédéraux pour empêcher les expositions tendancieuses qui déforment l’histoire du pays en la réduisant à son passé esclavagiste. Il n’est plus question, nous l’avons dit, de donner dans les sornettes du GIEC et dans la fable de l’homme qui réchauffe la planète. Il n’est plus question de favoriser les éoliennes, en mer ou sur la terre. Au contraire, le gouvernement encourage l’exploitation d’un sous-sol riche en gaz de schiste. Le ministre de la santé, Robert Kennedy le jeune, est vaccino-sceptique et indépendant des gros laboratoires pharmaceutiques comme Pfizer qui ont réussi à corrompre une bonne partie du corps médical pour gonfler leurs profits.

Donald Trump, enfin, a tourné le dos au libre-échangisme, qui est l’un des totems de l’idéologie cosmopolite. Il a compris qu’un protectionnisme bien tempéré était dans l’intérêt de son pays et qu’il allait permettre la réindustrialisation. Quand, le 2 avril 2025, lors de ce qu’il a appelé le Liberation Day, le jour de la libération, il a annoncé qu’il allait imposer des droits de douane élevés à tous les pays du monde, ce fut un choc pour les entreprises et la bourse a baissé. Depuis, elle est remontée pour atteindre des niveaux stratosphériques.

Trump, on le sait, est un orfèvre dans l’art de la négociation, the art of deal. C’est ainsi qu’il a d’abord annoncé qu’il imposerait les produits européens à 30%. Résultat : en consentant à revenir à 15%, il a obtenu en contrepartie tout ce qu’il voulait de la pauvre von der Leyen. Mais, comme il avait consenti des trêves en reportant l’application des droits de douane, un journaliste américain avait cru intelligent de ricaner en le surnommant TACO, soit « Trump always chickens out », « Trump se dégonfle toujours ». Aujourd’hui, le même journaliste a bien dû faire amende honorable et reconnaître l’incroyable succès commercial de Trump, dont la capitulation de l’UE est le plus beau fleuron.


On peut toujours reprocher à Trump de ne pas être parvenu à faire la paix en Ukraine et à Gaza. La vérité, pour l’Ukraine, c’est que la Russie fait semblant de vouloir la paix, mais qu’elle veut en réalité poursuivre la guerre jusqu’à la victoire totale, avec l’effondrement de l’armée ukrainienne, qui finira bien par arriver, tôt ou tard, si un accord de paix n’est pas conclu auparavant. La Russie réclame donc tout le Donbass, y compris la partie qu’elle n’a pas encore « libérée », et veut que cette annexion soit reconnue de jure et non seulement de facto. Si le gouvernement de Kiev était réaliste et raisonnable, il accepterait les conditions de la Russie et la guerre serait finie, ce qui serait humainement très souhaitable. Mais Zelensky et ses acolytes sont irresponsables, ils ne veulent consentir qu’à un gel de la ligne de front, sachant qu’ils ne pourront jamais reconquérir ce que la Russie a déjà conquis, soit une solution à la coréenne, dont la Russie ne veut pas entendre parler. Par conséquent, il est peu probable qu’un accord puisse être conclu entre les deux parties. À cela, Trump ne peut rien faire.

Quant à Gaza, Donald Trump est malheureusement trop proche du premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou. Il n’est quand même pas impossible que ce dernier, qui est un criminel de guerre, soit obligé de mettre un terme au populicide qu’il a entrepris en réduisant à la famine deux millions de Palestiniens, hommes, femmes et enfants. Les États-Unis s’y emploient, sans résultat pour l’instant.

Il n’en demeure pas moins que Trump est un « faiseur de paix » et qu’il a réussi, comme il s’en vante à bon droit, à mettre fin à six guerres en six mois. Son coup d’éclat a été dans la « guerre de douze jours » entre Israël et l’Iran, à laquelle il a donné son nom en référence à la « guerre de six jours » de 1967, en y mettant fin après avoir bombardé les sites nucléaires iraniens. Il a aussi arrêté une guerre de trente ans entre le Rwanda et le Congo, qui a fait, dit-on, des millions de morts, dans la province du Kivu. Il a empêché une guerre entre l’Éthiopie et le Soudan à propos du partage des eaux du Nil. Il a patronné un traité de paix entre deux ennemis héréditaires, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Il a puissamment incité le Pakistan à faire la paix avec l’Inde après quelques jours de combats. Enfin, il a trouvé un accord entre la Thaïlande et le Cambodge qui s’affrontaient pour un litige frontalier. Il faut avouer que ce bilan est remarquable. Il mériterait assurément le prix Nobel de la paix, bien que l’on ait tort d’accorder trop d’importance aux décisions des comités du prix Nobel : elles sont fortement marquées par le cosmopolitiquement correct.


Espérons que Donald Trump pourra continuer à voler de succès en succès et à parfaire sa contre-révolution pendant le reste de son second et dernier mandat, qui s’achèvera en janvier 2029. Il faudra qu’il gagne les élections de mi-mandat en novembre 2026, ce qui n’a rien d’évident. Les États républicains ont entrepris d’améliorer la carte des circonscriptions électorales pour faire gagner quelques sièges à leur parti. Trump réussira peut-être aussi à restreindre le vote par correspondance, qui favorise la fraude électorale. Il a prétendu que celle-ci lui avait volé la victoire en 2020 et c’est fort possible, mais, à tout prendre, cela valait mieux, car il a pu se préparer admirablement pour son nouveau mandat acquis en 2024 et le résultat a été formidable.

C’est la Providence qui a donné Donald Trump à l’Amérique et à l’Occident tout entier. Les oiseaux de malheur qui, à droite, nous disaient que tout était perdu avaient tort. Certes, nous n’avons pas en France l’équivalent de Donald Trump, mais le courant contre-révolutionnaire a déjà traversé l’Atlantique et nous pouvons avoir confiance dans les forces de la réaction républicaine, qui est progressiste et non passéiste, lesquelles commencent à se manifester chez nous aussi de plus en plus fortement.

 
 
 

1 commentaire


Invité
il y a 2 jours

C'est pourtant simple. L'Europe, ca n'existe pas. Ce qui existe, c'est l'occident, c'est-a-dire l'empire de Theodose en 395, la France de Clovis en 481 ('si vous respectez vos eveques cotre royaume s'en trouvera bien"), auquel succede, apres la rivalite du roi (de France) et de l'empereur, "l'equlibre europeen" europeen fonde sur les traites de Westphalie (1648), A cause la revocation de l'Edit de Nantes et les fautes du roi Louis XIV se deroule une 2e guerre de Cent Ans qui s'acheve au Congres de Vienne (1815), C'est alors, qu'a l'initiative de Talleyrand et du roi Louis XVIII l'Angleterre et la France se rapprochent pour faire face a la menace venue de l'Est, soit l'alliance russo-prussienne. La France reonnait la supremati…


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