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  • Photo du rédacteurAuguste Lorrain

François Mitterrand : un passif masqué par un prétendu « tournant de la rigueur »

Entrée en vigueur vendredi 1er septembre, la réforme des retraites d’avril de cette année a reporté l’âge de départ légal à la retraite à 64 ans. C’est la sixième réforme majeure des retraites depuis 1993 et pourtant elle n’a toujours pas rétabli l’âge légal en vigueur avant l’élection de François Mitterrand en 1981. L’âge de départ légal était alors de 65 ans. La réforme n’en fut pas moins contestée, mettant de manière éclatante en évidence les efforts tout à fait disproportionnés nécessaires pour surmonter les effets à cliquet des mesures créant des pseudo-droits comme la retraite à 60 ans.


Plus largement, le chaos que la France a alors subi, et auquel l’étranger aurait assisté avec effarement s’il n’en avait eu depuis des années la triste habitude, constitue l’occasion de traiter un sujet essentiel. La France souffre en effet aujourd'hui encore des effets pervers de la politique économique désastreuse du socialiste François Mitterrand. C'est par ailleurs un sujet complètement délaissé et négligé, y compris, hélas, à droite. Une brève requête moyennant n’importe quel moteur de recherche sur la politique économique de Mitterrand aboutira ainsi pour l'essentiel sur des articles traitant de son prétendu et ressassé « tournant de la rigueur de 1983 », lieu commun aussi répandu qu'il est faux. On ne peut en réalité guère dire assez de mal de la politique économique poursuivie par François Mitterrand. Voici donc la politique économique de l'immonde Mitterrand, pour « rompre avec la société capitaliste » et « changer la vie », en grande partie fidèle, il faut le dire, au programme commun de 1972 signé avec le PCF.


François Mitterrand a mené une politique interventionniste de violation des libertés économiques sans équivalent depuis l’après-guerre.


Il a procédé à la « nationalisation », c’est-à-dire à l’expropriation, et qui pis est, à la gestion active par les ministres et les fonctionnaires de Bercy des secteurs industriel et bancaire : l’État a ainsi, aux frais du contribuable (pour un coût qui a entraîné une hausse d'environ 20% du budget entre 1981 et 1982) et en s'endettant, acquis 100% de huit grandes sociétés industrielles de l’époque (Thomson, Saint-Gobain, Rhône-Poulenc, Pechiney, Usinor, Sacilor, Suez, CGE), auxquelles il faut ajouter 39 des banques parmi les plus grandes et 2 compagnies financières, ce qui lui a donné le quasi-monopole (95%) de la distribution du crédit en France, c'est-à-dire une situation comparable à celle de la Chine communiste d’aujourd'hui. Ainsi, en 1983, en plus des fonctionnaires, 1 salarié sur 4 travaillait pour l'État ! Par ailleurs, toujours aux frais du contribuable et en s'endettant, l'État est entré au capital de Matra, Dassault Aviation, ITT France, CII-Honeywell Bull et Roussel Uclaf.


Alors qu’il conduisait une politique budgétaire et monétaire expansionniste, donc inflationniste, le gouvernement Mauroy a mis en place un blocage général des prix et salaires pour « lutter contre la vie chère ». La Banque de France était alors déjà indépendante, mais l’objectif de stabilité des prix n’en était pas moins difficile à atteindre. Les canaux de transmission de la politique monétaire étaient en effet bloqués par un État qui accordait, comme mentionné ci-dessus, 95% des prêts par le biais des banques qu’il possédait et le faisait à des taux très favorables. Il est vrai qu’il était d’autant plus incité à le faire que les crédits étaient alors souvent alloués à des entreprises qu’il possédait elles aussi. Il convient de préciser que le blocage des prix ne concernait pas simplement quelques produits, mais bien tous les prix, produits et services compris (hors l'alimentation, les produits pétroliers et l'acier cependant).

François Mitterrand a également mis en œuvre une politique budgétaire conjuguant hausse du nombre de prélèvements, de leurs recettes, des dépenses et du déficit publics :


- Création d'un nombre record d'au moins 23 nouveaux prélèvements, dont l'instauration de la CSG, deuxième impôt sur le revenu, mais avec une assiette plus large encore et moins de niches, qui rapporte aujourd'hui à l’État près de trois fois plus que l'impôt sur le revenu à proprement parler, ainsi que l'impôt sur les grandes fortunes, ou en tout cas prétendues telles (IGF, ancien nom de l'ISF, devenu IFI), dont il faut évoquer les effets dévastateurs : depuis 1982, 513 redevables de l'ISF ont quitté la France en moyenne chaque année, soit près de 20.000 (Coe-Rexecode, 2017, Les conséquences économiques des expatriations dues aux écarts de fiscalité entre le France et les autres pays). Ce chiffre ne tient pas compte des riches étrangers que cet impôt a empêchés d'investir ou de s'installer en France.




- Création de 500.000 agents titulaires supplémentaires dans la fonction publique entre 1981 et 1993, sans compter les emplois aidés, pour passer d'environ 4 à environ 4,5 millions de fonctionnaires sur la période, hausse de 25%.


- Hausse des dépenses publiques de 46% du PIB en 1980 à 55% du PIB en 1993.


- Hausse des recettes des prélèvements obligatoires, qui passent de 40% du PIB en 1980 à 43% du PIB en 1993.


- Hausse des déficits et de la dette publics, qui passe de 22% du PIB à 40% du PIB entre 1981 et 1993. Si cette dégradation peut paraître faible à l’aune de l’endettement public actuel, elle n’en constitue pas moins un dérapage important pour l’époque.

Le dernier excédent public français remonte à 1974. Depuis, seulement des déficits.

La dégradation des données susmentionnées sur plus d'une décennie et les tendances observables sur les graphiques montrent que s'il y a eu un léger infléchissement de la politique économique en 1983, qui correspond à la fin du gouvernement Mauroy, il n'y a guère eu de revirement libéral et il paraît à cet égard évident que l'expression « tournant de la rigueur » est à la fois trompeuse et abusive.


François Mitterrand a simultanément conduit une politique économique désincitative, hostile à l'activité :

- Abaissement du temps de travail hebdomadaire à 39h (au lieu de 40h et sans baisse de salaire) et négociations, fort heureusement infructueuses, pour abaisser la durée à 35h, ce que Jospin fera plus tard.


- Création du RMI, ancêtre du RSA, qui est sans doute la plus importante de toutes les trappes à inactivité en France aujourd'hui.


- Création de la 5ème semaine de congés payés, ce qui fait de la France un des pays avec le plus de congés au monde.

- Abaissement, comme mentionné en introduction, de l'âge de la retraite de 65 à 60 ans, à contre-courant des tendances démographiques et de pratiquement tous les autres pays de l'OCDE, sinon du monde. Il faut y ajouter de nombreux dispositifs de préretraite.


- Lois Auroux de réduction de la liberté contractuelle et de rigidification du droit du travail : réduction du pouvoir disciplinaire des chefs d'entreprises, obligation de financement d'un comité d'entreprise, obligation de renégocier les salaires et l'organisation du travail annuellement, obligation de créer des comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail dans les entreprises, etc.


- Hausse du SMIC de 10% dès 1981 et des autres minimas sociaux qui ont contribué à la hausse du chômage, qui s'établissait à 7% en 1981 avant d'atteindre 10% en 1985, malgré une amélioration de la conjoncture par rapport aux années 1970 et une hausse du recours aux emplois aidés.


Après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 et la piteuse gestion du premier par Jacques Chirac alors premier ministre (1974-1976), la France avait, grâce à Raymond Barre qui lui a succédé (1976-1981), réussi à redresser ses comptes publics par des efforts considérables d’un coût politique élevé. C'était il y a plus de 40 ans et ça ne s'est jamais revu depuis.


Dès 1981, les effets combinés des mesures prises sous François Mitterrand ont non seulement immédiatement réduit à néant les efforts de Raymond Barre, elles ont aussi fait exploser le déficit budgétaire, la dette, et ont considérablement dégradé notre balance commerciale, malgré un effondrement du franc français.

Prix du dollar en francs français

Cet effondrement du franc français a de surcroît eu lieu en dépit d'une intervention massive de la Banque de France pour défendre le cours de notre devise, et nos réserves de change ont ainsi baissé de 22 milliards de dollars courants en février 1981 à 7,5 milliards de dollars (de l'époque) en octobre 1982. La France a ainsi été contrainte de procéder à 3 dévaluations monétaires en 18 mois, avant le prétendu « tournant de la rigueur », élément de langage de propagande hallucinant et d'une sottise infinie, puisque la politique économique d'après 1983 n'était pas rigoureuse non plus. Ces mesures ne se sont pas traduites par une croissance française supérieure à celle de pays comparables, c'est même l'inverse qui s'est produit.


Contrairement aux autres présidents ou premiers ministres de cohabitation, lesquels ont le plus souvent surtout pêché soit par leur politique économique (comme Jospin), soit par leur politique budgétaire (comme Chirac en tant que président), Mitterrand a ceci de particulier qu'il se distingue par le caractère délétère de ses décisions à la fois économiques et budgétaires. Aussi, contrairement à son prédécesseur Giscard (les deux chocs pétroliers) et à ses successeurs Sarközy (les crises des subprime et de la zone euro) et Macron (les chocs du Covid et la guerre en Ukraine), Mitterrand n'a pas subi les effets d'un choc économique exogène majeur. Mitterrand est un mal que la France s'est infligée à elle-même.


À partir de 1981, la France est ainsi entrée dans une période de déclin économique dont elle n’est jamais sortie : c'est à partir de 1981 que se consolident en France, plus que presque partout ailleurs dans l'OCDE, un chômage structurellement élevé (l’histoire retiendra notamment la fausse et défaitiste formule « contre le chômage, on a tout essayé » du funeste Mitterrand), un marché du travail particulièrement rigide, un niveau de prélèvements obligatoires et de dépenses publiques presque uniques au monde, une sphère publique exorbitante et inefficace, un déficit public élevé (y compris corrigé des effets de la conjoncture) et donc in fine une dette élevée.


Il faut ajouter au bilan Mitterrand l'entretien et la consolidation de mythes économiques tels que l'État « stratège », l'État « actionnaire », l’État « providence », la prétendue baisse du chômage et le supposé bonheur par la « répartition du temps de travail », la prétendue hausse du bien-être grâce à l'augmentation des congés payés et le pseudo-droit à la retraite à 60 ans.


Pour mémoire, Giscard a laissé derrière lui une dette qui représentait 22% du PIB de l'époque et des comptes publics apurés au prix de hausses d’impôts. Lors du débat d’entre-deux-tours de 1981, alors que le président sortant reprochait à Mitterrand d’être « l’homme du passé », ce dernier a ainsi pu répondre que Giscard était « l’homme du passif ». Cette formule n’a pas empêché un Mitterrand mû par le cynisme de doubler la dette et il a au contraire laissé un champ économique miné par les prétendues « conquêtes sociales » et les « droits acquis » à effet de cliquet. Chaque réforme tentant de déminer ce champ économique en revenant sur les démagogies mitterrandiennes se caractérise par un coût politique très élevé et complètement disproportionné, qui s'est en pratique révélé rédhibitoire pour tous ses successeurs. A contrario, Mitterrand a montré la voie aux arrivistes, aux parvenus et aux opportunistes et tout particulièrement au premier d'entre eux, son successeur Jacques Chirac : en matière économique, il est hasardeux de vouloir réformer, il suffit au contraire de laisser se dégrader la situation pour rester populaire. Ce sont les dividendes du déclin.


Alors qu'un consensus économique libéral s'était dégagé, comme en témoignent notamment les prix Nobel attribués à Hayek (1974) ou Friedman (1976) et tandis que les États-Unis étaient dirigés par Reagan (1981-1989) et le Royaume-Uni par Thatcher (1979-1990), l'infâme Mitterrand et ses ministres socialo-communistes ont ainsi prétendu faire le bonheur de la France en « rompant avec la société capitaliste », avec les résultats que l'on sait. Le « tournant de la rigueur » de 1983 est à François Mitterrand ce que la nouvelle politique économique (NEP) fut à Vladimir Lénine en 1921 : un pis-aller, une inflexion contrainte par une situation économique rendue désastreuse par des choix calamiteux, dans un cas comme dans l’autre animés par l’utopie de l’abandon du capitalisme et dans les deux cas sanctionnés par la réalité.

Ne serait-ce donc que pour sa politique économique, l'ordure Mitterrand mérite toute sa place dans les poubelles de l'histoire.


Auguste Lorrain

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